Introduction à la culture numérique
Y-a-t-il un éditeur dans l'algorithme ?
Collection crée par les étudiants et étudiantes du master Métiers du livre et de l'édition de l'université de Caen pour publier au cours de leur parcours universitaire des conférences données à l'université.
Introduction à la culture numérique par Hervé Le Crosnier est diffusé sous la licence CC BY 4.0
La diffusion est gratuite, sous licence Creative commons BY.
N'hésitez pas à faire circuler.
Imaginez un monde qui ne serait plus qu'économie de l'attention, métavers, cookies et NFT... nous y sommes presque, à l'heure où le numérique connaît une expansion démesurée à tous les niveaux de notre quotidien.
Avec ce livre, Hervé Le Crosnier nous permet de reprendre notre souffle, de décrocher de nos écrans face à ce flux accéléré d'informations qui nourissent les algorithmes. Dans un propos accessible et clair, il s'attache à nous donner quelques jalons de culture numérique, entre mots-clés, anecdotes pertinentes et tableau nuancé. De quoi aiguiser notre regard critique.
Ce petit livre numérique, dont la diffusion numérique est gratuite, est issu d'une conférence donnée en septembre 2021 devant les étudiants de la licence Humanités numériques de l'université de Caen. La réalisation est le produit du travail des étudiantes du master Métiers du livre et de l'édition, sous la houlette de Marie-Astrid Bailly-Maître.
Hervé Le Crosnier a été conservateur de bibliothèque, informaticien, spécialiste des sciences et techniques de l'information et de la communication, enseignant-chercheur à l'université de Caen. Il a participé à l'élaboration du parcours Humanités numériques de la licence Humanités.
Il est éditeur-fondateur de C&F éditions, une maison d'édition qui publie des ouvrages de culture numérique.
La conférence qui a servi de support à cet ouvrage a été filmée par le CEMU (Centre d'éducation multimédia de l'université de Caen). La vidéo est disponible en deux parties sur Canal-u.tv
Première partie |
Seconde partie |
Les étudiantes de la promotion 2021-2022 du master Métiers du livre et de l'édition de l'université de Caen m'ont proposé de reprendre le texte de la conférence d'introduction à la culture numérique que j'ai donnée en septembre 20211 à la licence Humanités numériques et d'en faire le petit ouvrage que vous tenez entre les mains. Je tiens à les remercier de leur intérêt.
Passer d'une conférence orale à un « texte de conférence » n'est pas évident. Je vais y revenir. Mais ce serait pire de penser que l'on pourrait en faire un « livre ». Pour un livre, il faudrait tout réécrire, car le plan d'une conférence, organisé autour du langage oral, s'adapte mal à un exposé complet, capable de faire le tour d'une question. Plus encore quand la conférence est rythmée par une succession de diapositives. Ce type de présentation projetée permet de ne pas perdre le fil, autant pour le conférencier que pour celles et ceux qui suivent dans la salle. Les diapositives permettent de rattraper le flux quand pour mille et une raisons on a décroché pour rêver un peu, comme l'élève du poème de Jacques Prévert. Parce qu'il faut être réaliste, à part le conférencier qui est survolté, avec la petite lumière rouge allumée dans sa tête qui indique que tout est enregistré, plus encore, vidéoté, personne ne peut décemment suivre deux heures d'affilée sans avoir besoin de laisser respirer ses neurones. Si l'on suit Daniel Pennac, les lecteurs et les lectrices ont énormément de droits, notamment celui de ne pas lire. Pour le paraphraser, je dirais qu'assister à une conférence, surtout dans le cadre pédagogique d'un amphithéâtre, ouvre de nombreux droits, notamment celui de ne pas écouter, d'envoyer des SMS et parfois, je l'ai vu dans certains cours-conférences, de jouer à la bataille navale avec sa voisine. Tant que l'on ne perturbe ni le conférencier, ni ses collègues, tout va bien. On rattrapera le fil si le professionnel du spectacle qui officie sur l'estrade réussit à vous toucher à un moment donné.
Un livre, surtout un essai qui se voudrait pédagogique, est une tout autre affaire. Il se lit en général séquentiellement, et quand on craque, il se referme tout seul, et malheureusement peut rester longtemps endormi. Ou alors, il est ouvert juste à côté du cahier de notes (informatique dorénavant) pour aider à réfléchir par soi-même.
Une conférence est autre chose: elle cherche à provoquer l'intérêt pour que les personnes qui y assistent puissent ensuite choisir une ou deux idées afin de les approfondir. Même dans le cadre d'études d'humanités (ici numériques), il est illusoire de penser que l'on « transmet » dans ce type de scénographie; on dépose une couche de vernis que les auditeurs et auditrices doivent ensuite gratter pour creuser les sujets qui les auront intéressés ou intrigués. C'est pour cela que je choisis de relancer régulièrement l'attention avec des vidéos, des portraits, des anecdotes... Semer des petites pierres blanches qui serviront sur le chemin du retour.